Compagnons, microbes du monde en pièce détachée, la rumeur hurle que nos rues meurent d’inattention. Nous qui avons l’habitude de marcher sur les jours, les écraser de tous nos faits et gestes. Nous hommes, femmes et enfants cobayes des labos. Maintenant les carrefours pleurent sur l’épaule du vent, un vent bien trop jeune pour porter le feu vert de nos songes, l’émeraude de nos guerres faisant briller les yeux rouges de la colère.
Compagnons, bons microbes de la planète qui ont jeté le ciel à terre, vous avez vu de vos propres couleurs putrides les arcs-en-ciel égorgés par des requiems. Vous avez apprivoisé les nuages mortuaires sous prétexte de Barbe-à-papa et même violé mère nature de vos sexes gigantesques d’industriel. Maintenant voyez tous au temps que vous êtres désespérés, pour chaque goutte de votre vie, comment un petit virus travailleur vous rend la monnaie de votre soif d’irrémédiable.
© Collage, Aglaée Collin
Microbes, putains de première classe, j’assiste à l’écrasement de ce monde hors d’usage qui siffle un air qui en dit long…Dehors il pleut un flot noir de soleils étouffés dans un masque à gaz, et des aubes qui meurent en position fœtale. J’assiste à voir comment une grippe danse à la pointe d’une fermeture éclair. J’assiste à vos futurs stériles, chétifs ainsi qu’à vos mo(r)ts d’inconforts, confinés comme des rats que nous sommes à présent. Tout cela m’enfièvre mes chers microbes avancés en âge humain depuis ma chambre qui aboie sur ma table de nuit. Depuis ma salle de bain où je ne cesse de prendre une douche de froide solitude, où je m’inceste à manger ma propre voix faisant écho dans une corbeille de fruits pourris. Tout cela, depuis mon salon, tape sur mes nerfs de famille où des murs me tiennent étroitement compagnie. Ils me parlent à oreilles ouvertes et comme un prisonnier. Moi qui ne cesse de leurs expliquer ma nouvelle forme de liberté en écrasant des rimes sur des pages blanches.
Belles saloperies humaines ! je sais que depuis le viagra, on n’a jamais vu ça. Je sais que vos chambres aboient aussi derrière les vitres des chiens errants où vous ne cessez de prendre une douche de froide solitude, où vous vous commettez aussi l’inceste de manger vos propres voix faisant écho dans une corbeille de fruits pourris…Oui, je sais que le plus grand monument qu’on puisse élever sur une place est un poème de circonstance.
Essayez pour voir !
© Ar Guens JEAN MARY
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