11 nov. 20201 Min

Symphonie pour un fantôme,

Mis à jour : 19 nov. 2020

A Ghost Story, David Lowery

Une porte ouverte sur une ruelle excentrée, un jardin, une allée. Cette maison. Il y a quelqu'un ? Un couple d'amoureux et les bruits qui les réveillent la nuit. Leurs rires se déploient dans l'espace, leurs baisers se gravent dans le linge de lit. Puis, la rumeur de l'accident s'esquisse dans la vapeur. La mort les sépare, corporellement du moins, puisque, apparaissant sous un drap, l'homme revient auprès de sa femme.

Il se tient immobile dans les encadrements de portes, épouse les angles des pièces, spectateur de la vie qui s'écrit dans cette maison.


 
Observer sa femme endeuillée dévorer une tarte s'éprouve sur la durée, la regarder claquer la porte chaque matin file sans avoir le temps de dire au revoir. Il est comme ces petits papiers griffonnés de poèmes, elle les cachait dans les lieux qu'elle quittait. Elle ne le laisse pas partir et ne revient pas le chercher.


 
Nous sommes avec lui. Passé, présent, futur, se synthétisent dans l'instant, le souvenir se dessine dans chaque pli du drap-miroir. Depuis combien de temps attends-tu ? Le fredonnement d'une musique d'antan, les cris des enfants, le broiement d'une pelleteuse, le murmure des grâces, composent la symphonie. L'écran devient portail spatio-temporel, la mémoire trouve son empreinte au creux de l'image cinématographique. La réflexion est existentielle, poétique. L'expérience à vivre. Est-ce bien toi, là, sous le drap ?

© Agathe Rousset

Extrait du film A Ghost Story de David Lowery

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